Chansons sans paroles

Chansons sans paroles commence par une absence de récit et d’action : sur scène, une voiture renversée après un accident, la musique de l’autoradio encore allumée, un groupe de trois musiciens dans un coin. Deux automobilistes finissent par sortir du véhicule, hagards et désemparés. Peu à peu, le public assiste à la (re)construction du décor et de l’histoire : les cinq personnages tentent de reconstituer le fil des événements à travers des échanges teintés d’absurde et de drôleries, des mélanges de langues, des chants entrecoupés de musiques romantiques et de sons discordants. Thom Luz, dans cette mise en scène spectaculaire où interviennent l’étrangeté et l’humour, interroge notre capacité à surmonter la violence de la catastrophe, la sidération qui nous paralyse, pour penser le présent et l’avenir. L’absence de paroles, la prédominance de l’indicible, sont ainsi relayées par un paysage sensoriel, visuel et sonore, au sein duquel notre rapport au temps et la conscience de sa brusque interruption peuvent être dits et représentés.