L'hypothèse de la foudre

Trois figures parlent dans la colère, dans une forme de rage contre leur époque : Il y a le boxeur Mohamed Ali, la chanteuse Nico et le cinéaste Maurice Pialat.

Valentine Carette propose ici une adaptation de trois romans – « vies imaginaires » de l’auteur Alban Lefranc, ayant comme vecteur commun l’apostrophe, et un certain rapport à la frontalité dans leurs existences. Ces trois-là ont constamment besoin d’un face à face, besoin d’en découdre avec des ennemis réels ou imaginaires : c’est dans la confrontation qu’ils se construisent, que leur parole pleine d’affects va puiser ses puissances.

De cette écriture se dégage une rythmicité, une poétique brute, directe et franche, des images fulgurantes. C’est une écriture qui s’incarne, qui se respire, qui appelle dès la lecture un engagement dans le corps et dans la voix.

C’est ce souffle particulier que traverserons les interprètes, constituant un plateau hétérogène : une comédienne, un musicien, et cinq comédien.ne.s en apprentissage ou amateur.ice.s rencontrées lors des ateliers de La traversée, proposée par le Théâtre de La Vignette.

Proche de l’oratorio, à la croisée du théâtre et de la musique, L’Hypothèse de la foudre esquisse des portraits kaléidoscopiques et sensibles où le geste, artistique ou pugilistique s’affirme comme une prise de position politique. Entre incarnation, incantation, harangue et chant, les voix se font écho, pour former un acte de parole heurté et polyphonique dans une dramaturgie qui évoque l’enquête et la reconstitution in situ.

Il est ici beaucoup question de corps - ses états, ses exultations, les ruades pour sortir de sa peau - et d’Histoire (Allemagne et France de l’après seconde guerre mondiale, la lutte pour les droits civiques aux États-Unis).

Ces figures du refus et de l’insolence, d’une avant – garde qui résiste dans les cordes ou à la marge, nous invitent aujourd’hui à penser le déploiement de la colère comme puissance émancipatoire.

Numéro de licence : 1-1095787 / 2-1095788 / 3-1095789